LES
MANUSCRITS DES ANCIENS – PREMIERE PARTIE
© Lorena
Bettocchi – Professeur retraité du Ministère Français de
l’Education Nationale
Enregistrement
D. I. B. A. M. Santiago de Chile
OBJETS
GRAVÉS AVANT OU APRÈS LA VISITE DE MRS ROUTLEDGE (datation impossible)
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En
1938, un objet gravé de figures fut
trouvé par Juan Paté (de la
famille de Tomenika Vaka Paté), dans une maison en ruine proche de Hanga
Honu. C’était une tablette comportant une
écriture à peine visible, fragile, en mauvais état gravée sur les deux
faces. Le Père Sébastien Englert suggéra au Pascuan de la déposer dans un
musée et elle fut donnée au Museo
Nacional de Historia Natural de Santiago qui détenait déjà deux tablettes et
un bâton de Maori rongorongo enlevés par la corvette O’Higgins en 1870. |
Tablette 120-60 Face A – Photo
Lorena Bettocchi Courtoisie Museo de Historia Natural de Santiago de Chile |
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Cette tablette appelée Poike, fut classée parmi les Items classiques (le
dernier item Z) pour la raison qu’elle fut
le premier objet rencontré, en
bois gravé d’une écriture cursive. Nous ne savons pas de quel bois il s’agit, la
fiche de l’objet ne porte pas ce renseignement.
Mais nous avons les dimensions et le poids, donc avec la densité nous
pourrions obtenir des renseignements sur la matière. (Courtoisie MNHN Santiago de Chile). J’ai eu l’occasion de l’observer et de la
photographier et je remercie la direction du Musée de m’avoir accordé ce
privilège dans ce sens que j’étudie le rongorongo depuis 16 ans, honoris causa,
au service de la culture rapanui donc chilienne et que les difficultés
rencontrées auparavant furent énormes.
La tablette est proche du rongorongo tau de Tomenika Tea Tea. Cela
s’explique : Juan Pate était un des
membres de la famille de Tomenika Vaka Paté. Antérieure ou postérieure à la
visite de Katherine Routledge ? Nous ne le savons pas. Si nous observons
l’épigraphie, des signes sont totalement
créés. Nous ne pouvons qu’émettre une
hypothèse : elle pourrait dater de
l’époque où l’île n’avait qu’un lointain souvenir des tablettes sacrées du roi
Nga-ara et de l’écriture ancienne. Je
ne certifie pas l’exactitude du relevé
ci-dessus, je dois en faire un prochainement,
ni tout ce qui fut publié par plusieurs de mes prédécesseurs sur
l’essence du bois, les lignes et le nombre de signes : affaire à suivre…
Une autre pièce est conservée au Museo de la Merced de Santiago. Je n’ai pas eu l’occasion de l’observer. Il
s’agit d’un style mixte, entre celui de Tomenika et la création de nouvelles figures.
Reproduction partielle de la tablette 305 Courtoisie Museo de la Merced Santiago.
Par
contre, l’os gravé du Museo Fonck de
Viña del Mar (Chili) obtenu par
Monsieur Felbermayer de Juan Riroroco est une copie du manuscrit de Tomenika. Il reproduit une grande quantité de ses
signes (mon étude détaillée est déposée à la DIBAM de Santiago de Chile. Voici un
extrait du rapport : 30 signes du carnet de Tomenika Tea a Tea existent
dans la gravure de l’os. Plus ou moins déformés lors de la gravure. Et 42 signes sont manquants ou remplacés par
des figures qui s’inspirant du rongorongo.
Les deux œuvres sont cependant très proches et proviennent probablement
de la même famille ou du même lieu. Un objet d’artisanat découlant d’un rongorongo tau, qui servait à
décrire la nature aux temps anciens. Cet objet fut offert à l’un des bienfaiteurs
de l’Île de Pâques, Monsieur Felbermeyer, ingénieur agronome.
Courtoisie
Museo Fonck de Viña del Mar (ref. inventaire 1567.281)
Os de
baleine gravé d’écritures provenant de
Rapanui
Ces
deux objets sont-ils d’authentiques rongorongo tau ? C’est-à-dire
présentés au cours des cérémonies annuelles du roi Nga-ara ou au cours des
cérémonies familiales en l’honneur des ancêtres. À ce jour nous ne pouvons ni
le certifier, ni les classer. Je
conseille la prudence lorsque nous nous trouvons en face de listings
classifiant rongorongo tau, mama,
indéterminé ou douteux… Une
classification définitive requiert une étude générale approfondie. Ils proviennent
d’une époque où les signes rongorongo classiques, les tablettes, les
bâtons ou leurs images, n’existaient plus dans l’île.
Il
est probable que le peuple rapanui, pour
lequel écrire représentait le plus haut degré intellectuel, sachant que les ancêtres créaient et
récitaient les signes, a continué à créer et à produire cet art oratoire.
Au
stade actuel de nos recherches, le seul rongorongo tau du 20e siècle, que ma banque de données historiques peut déterminer comme tau,
utilisé comme tel, est le manuscrit de Tomenika. Pourquoi ? Il a un
rapport direct avec la nature au temps des anciens et il énumère ces anciens, ils font partie de la récitation Timo te ako ako : Tu’u Maheke,
fils de Hotu Matua, Tea-Tea a Hiva, père
adoptif et grand-père de Tomenika et
Kava (Vaka) Tohua, le maori rongorongo de la famille Tupahotu,
constructeur de pirogues…
1955 - Thor Heyerdahl découvre
les manuscrit d’Esteban Atan