LES PIERRES DE L’ÎLE DE PÂQUES GRAVÉES D’ÉCRITURES
© Lorena Bettocchi
Sauvegarde DIBAM Direccion de Bibliotecas Archivos y
Museos Santiago de Chile
Tesis - estudios
Chapitre
X : Bibliographie et épigraphie pierre
du Museo Nacional de Historia Natural de Santiago de Chile
Ref
inventaire 4189 Tous mes remerciements
à l’équipe du Musée pour sa collaboration.
Bibliographie
STEVEN ROGER FISHER[1]
Classée dans
les « indéterminate or spurious »
« Pierre de Santiago 4189
Museo de Etnologia y antropologia 4189, Santiago, Chile. Probablement sculptée
dans les années 1910[2] ».
PÈRE GASPAR ZUMBOHM[3]
En
1880, le Père Zumbohm, dans un courrier
à Monseigneur d’Axieri, avait vaguement parlé de ces pierres. Il y a un mois de cela, je notais cette
référence dans le dossier sur la pierre
CAMPBELL[4], avec l’espoir de retrouver un jour ce genre d’objet :
« Il y
aurait bien une phrase d’un courrier recopié dans les annales
de la propagation de la foi de 1880: le
père Zumbohm parlait de pierres portant des traces de gravures, rencontrées sur
la plage. Traces de gravures, ce qui
n’exclut pas l’écriture mais ce qui inclut le pétroglyphe. Il ne donne pas la
dimension des pierres. Il ne spécifie
pas s’il s’agit d’un ahu sur la plage (ahu ihu arero par exemple), de dalles
gravées[1]au bord
de la plage… etc. Catherine Routledge a
rencontré une pierre gravée d’un homme-oiseau
(1914) - et Lavachery une autre pierre gravée d’un couple d’oiseaux
(1935). Bref ne perdons pas espoir, si
ces pierres existent, nous en trouverons un jour !»
Hé bien
! Cela s’est produit ! J’en ai trouvé une au Museo Nacional de Historia
Natural de Santiago ref. 4189. Cette pierre ronde est très belle et rien
n’autorisait Steven Fisher à la classer parmi les « indeterminées ou
douteuses », ceci sans étude préalable. Je ne pense pas, pour l’heure,
qu’il s’agisse d’une pièce d’artisanat du 20e siècle. Il faut l’avis d’autres experts…
Le
Père Zumbohm écrivit ceci :
« Quelques mots au sujet des hiéroglyphes : il nous est arrivé de
rencontrer au bord de la mer, certaines pierres qui comportent des traces de
gravures ; mais en raison du peu d’intérêt que les gens d’ici leur
accordent, nous avons pensé qu’il n’était pas dans nos objectifs de nous en
occuper ».
Le Père Zumbohm avait parlé de
traces de gravures et la pierre du MNHN de Santiago répond à ces
caractéristiques. De plus, durant mon séjour à Rapanui, le 22 mars 2007, j’ai
rencontré Matarena Teao Manutomatoma qui
m’a dit que des pierres « écrites » avaient été trouvées sur la plage
par son grand-père.
J’ai eu le grand plaisir et
l’honneur d’observer la pierre le 17 avril 2007 en même temps que j’allais
observer la tablette du Poike. Madame Eliana Duran, archéologue du MNHN et Monsieur Miguel Angel Azocar m’ont donné
l’information suivante : le Capucin Benvenido Estrella l’avait
confiée aux bons soins du Museo de Etnología y Antropología aux environs de 1919. Et Michel Orliac me confirma que
Benvenido
Estella[5] avait
passé huit mois à Rapa Nui en 1918.
ÉPIGRAPHIE PIERRE
MNHN SANTIAGO DE CHILE 4189
Méthode : Responsabilité de Lorena Bettocchi
Ce dossier
est provisoire. Il a été transmis au Musée en avril dernier. La pierre devrait
être minutieusement observée par un géologue car il semblerait que le sculpteur
ait utilisé son relief naturel pour exercer son art en complément de la nature.
Elle comporte un relief naturel et un relief sculpté. Je n’ai pas les
dimensions et le poids. Elle est en basalte.
Pierre
du Musée National d’Histoire Naturelle de Santiago 4189 |
Traces
d’un produit blanc, stries naturelles |
|
|
|
Dimensions inconnues Mon index avec gant : environ 7 cm pour
donner un aperçu de sa dimension La pierre ne comporte pas une rondeur parfaite : posée sur une
surface plane, elle ne roule pas. Poids inconnu |
La feuille d’inventaire n’est pas encore
complète. Mais
une interrogation sur la petite fiche qui l’accompagne dans son
carton : pétroglyphes ? |
OBSERVATION 1 : Le relief naturel de la
pierre ronde de basalte a permis la sculpture : les surfaces et volumes
sculptés par la main de l’homme se reconnaissent.
OBSERVATION 2 : Il est impossible de
déterminer si le sculpteur a utilisé un seul outil classique de type toki, plus
dur que le basalte ou bien un deuxième outil métallique pointu, forgé (des
clous furent offerts aux Rapanui par les intendants des bateaux européens et
chiliens).
OBSERVATION 3 : La pierre comporte sept
figures sculptées et deux figures naturelles que nous nommerons F1, F2… à F9.
La présente analyse en épigraphie est inédite,
ma spécialité étant l’épigraphie concernant toutes les écritures se rapprochant
ou s’éloignant du rongorongo. Etant
donné que mon collègue Steven Fisher l’avait citée comme douteuse, une analyse
plus spécifique s’impose, conjointe à
l’archéologie et à la géologie, afin de trouver la vérité au sujet de cette
belle pierre, pièce originale du MNHN de Santiago de Chile.
ÉTUDE EN ÉPIGRAPHIE
MNHN SANTIAGO PIERRE 4186 Les figures sont nommées F1, F2 etc… F1 :
Une longue figure zoomorphe, qui pourrait ressembler à un moko, un lézard (le relief de la pierre ne permit pas de sculpter les pattes) ou a
un puhi (anguille, congre). Le tracé
s’éloigne des signes rongorongo 724 A
droite de F1: ·
F2 se rapproche de l’aspect physique d’un poisson (mais une
autre hypothèse est envisageable, celle de la voile polynésienne d’une
pirogue). ·
Il n’existe aucun signe rongorongo de ce genre. |
Sous F2, F3
se rapproche du signe 007 F2 au-dessus de F3 pourrait être également interprétée comme la voile de
la pirogue polynésienne, plus large dans sa partie supérieure. Suite…
à droite de F1 |
F4 en-dessous
de F3 et plus à droite, F5,
représenteraient la gravure de poissons, le relief naturel de la pierre
constituant l’élément océan. Ceci pour les signes sculptés en
relief, en s’adaptant de la nature de la pierre et de ses lignes naturelles.
Soit, sur 7 figures, 3 de la famille du rongorongo et 6 qui se rapprochent des pétroglyphes relevés par Lavachery. |
A
droite de F1 qui se termine par un corps
longitudinal avec une queue en pointe, F5 et F6 soulignent le relief de la
pierre et reconstituent des images rectangulaires, se rapprochant du pétroglyphe 16, (Lavachery plache III) et des signes rongorongo 1, 15 et 16 proche du
signe Lavachery |
F 8 est une figure naturelle ou bien creusée par un outil –
une pierre aussi dure que le basalte, cette figure ressemblerait à une tortue (honu). Son relief est
différent des figures F1 à F7. |
F9 est une figure naturelle ressemblant à une
pirogue ou un flotteur de totora. Son
relief est différent des figures F1 à F7. |
OBSERVATION 4
les figures sculptées par la main de l’homme sont proches des
pétroglyphes de Rapanui et des signes distinctifs de la culture des Maoris.
CONCLUSION
PROVISOIRE
La pierre 4189 du Museo de Historia Natural de
Santiago du Chili est une très belle pièce…
Tous les archéologues que découvriront ces pages partageront certainement cet avis.
Elle est en basalte beige et comporte des
figures sculptées par la main de l’homme qui semble s’être servi du relief
naturel de l’objet ; ses 9 figures s’inspirent de l’environnement maritime
dont 6 qui se rapprochent des pétroglyphes de l’île. Le total des figures ne
peut constituer une écriture proche du Corpus
Inscriptonium Paschalis Insulae Classique. Elle est unique et ne peut
être donc classée dans les « indéterminées ou douteuses » comme le
fit Steven Fischer.
La datation reste inconnue, ainsi que ses
dimensions et son poids. Les écrits de Steven Fisher ne comportent aucune
preuve tangible sur la date de sa sculpture.
Elle fut confiée par le père Benvenido
Estrella au Museo de Etnologia y Antropologia de Santiago de Chile en 1919.
LORENA BETTOCCHI Viña del Mar le jeudi 19 avril 2007
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[1]FISCHER
Steven, Roger. 1995 A
provisional inventory of the inscribed artefacts in the 3 rapanui
scripts RapaNui Jounal Los Osos California page 179
[2] La date supposée par Monsieur Fisher reste à prouver.
[3] ZUMBOHM, Père, Anales de la Congrégation des SS CC de Jésus
et de Maris Volume VI, 1880, pages
232-233
[4] DOSSIER CHAPITRE V SUR LA PIERRE
CAMPBELL
[5] ESTRELLA, Benvenido - Publicaciones
del Museo de Etnología y Antropología
de Chile. Tomo II Nº 1. Imprenta Cervantes.
Santiago de Chile 1922
·
[6] LAVACHERY,
Henri, 1939, Les pétroglyphes de l’île de Pâques, ed. De Sikkel, planches
III, XIII, XXXV