LES PIERRES DE L’ÎLE DE PÂQUES GRAVÉES D’ÉCRITURES

© Lorena Bettocchi

 

Sauvegarde DIBAM  Direccion de Bibliotecas Archivos y Museos  Santiago de Chile

Tesis - estudios

 

Chapitre VIII :  Pierre Gillies, Museo Padre Sebastian Englert, Hanga Roa

Aucune ref. inventaire d’après l’achéologue Francisco Torres,  conservateur du Musee.

 

 

Historique de l’Echancrée (Item D) et

relation entre la pierre Gillies et l’échancrée

 

L’Echancrée fut envoyée à Monseigneur Tepano Jaussen en janvier 1869.  Son image disparut donc de Rapanui et y revint :

·         sous forme de photos (recto et verso)  de l’original ou de moulages, prises à Tahiti par l’évêque et  envoyées à différents musées  du monde en 1871,  (une série à la  California Academy of Scienes, une autre à la English Ethnological Society)[1],  d’autres aux Sacrés Cœurs de Picpus.

·         puis avec  l’édition d’ouvrages présentant les photos de l’original ou de moulages (recto et verso) : Editions de Steven-Chauvet ou de Thomson entre autres.

 

Toujours est-il qu’à Rapa Nui son image revint à différentes époques :

 

a)      en 1886 avec Thomson qui avait visité l’évêque à Tahiti et qui visita Rapanui avec  une série de photos des tablettes. Devant la photo de l’Echancrée, Ure Vae Iko  psalmodia le chant Ka Ihi ui-nga.  Une première hypothèse : les dessins de la tablette échancrée auraient  pu  être relevés  à cette occasion mais Thomson l’aurait signalé dans son rapport et les tablettes étaient pure sorcellerie ou tapu à cette époque. Thomson publia cette image dans son rapport en 1889 ; il signala qu’elle fut présentée par Georges Davidson à l’Académie des Sciences de Californie

 

b)     En 1914 avec la venue de Katherine Routledge, membre de la English Ethnological Society, qui écrivit dans son ouvrage publié en 1919[2] qu’elle montra les photos des tablettes  afin de solliciter des récitations de la part des Pacuans (nous retrouvons ces récitations dans ses notes). Katherine Routledge détenait les photos des moulages, photos prises par Tepano Jaussen. Deuxième hypothèse : Tori a Papa Vai   aura relevé  les tracés de sections de la petite de Londres et de la Aruku Kurenga et fournit ces tracés aux Old Ones[3],  Tori  aurait pu relever les tracés de l’Echancrée.   Il est certain qu’il  avait relevé les  figures de courtes sections de la tablette de Londres et de la Aruku Kurenga (Barthel : The Eight Land)

 

gillies88.jpgTori a Papa Vai  dessins de K. Routledge

 

a)      En 1930, avec la venue  du nord-américain Robert J Casey qui  visita Rapanui  et publia[4]  une théorie sur le peuplement   et les migrations polynésiennes venant de l’Inde via la Malaisie, l’Indochine et la Micronésie.  Troisième hypothèse : il avait avec lui le rapport de Thomson avec les photos des moulages de Tepano Jaussen et un Pascuan aura relevé ces signes.

 

b)     Avec la venue d’expéditions apportant des livres édités, portant les photos de l’Echancrée recto et verso. Le premier livre fut celui de Thomson édité en 1891  suivi par celui du Dr Stephen-Chauvet édité en 1935.

 

         Nous nous allons voir que les photos de Steven-Chauvet qui visita les SS CC de PICPUS à Braine-le-Compte vont être éliminées.

 

OBSERVATION 4     En comparant la pierre avec les photos de l’Echancrée, les sections de la pierre ne se suivent pas comme les sections ou lignes de l’Echancrée. La pierre  Gillies se rapproche des lignes Da3, Dv2, Dv4 et Dv5. C’est-à-dire que le graveur a sculpté selon son inspiration ou sa « sémantique ». Il n’a pas recopié une tablette de Tohuka ou de Maori rongorongo, tapu, sacrée. Le graveur n’est ni  Maori rongorongo, ni un élève des écoles initiatiques ou des ateliers des anciens de 1936 et plus tard. Il ne s’agit pas du même style.

 

ETUDE TERMINALE EN ÉPIGRAPHIE  :

COMPARAISON AVEC LES PHOTOS DE L’ÉCHANCRÉE 

 

Outils :

 

·         Photos recto et verso de la tablette publiée par le Dr Stephen-Chauvet (Coll. Picpus ou Steven-Chauvet)

·         Photo recto et verso du moulage de la tablette de Tepano Jaussen    (photos envoyées à

Londres, à K. Routledge et données à Thomson).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Da3

 

gillies30.jpg

Echancrée recto photo sur  Stephen Chauvet

 

 Le graveur  a  commencé  par une section de la Da3, les signes sont  bien visibles sur la photo de la tablette ou sur la photo du moulage …

gillies32.jpg

La photo Steven-Chauvet  de la tablette et la photo du moulage ci-dessous

gillies34.jpg 

 

Le graveur a  continué en tournant la pierre et en s’inspirant du verso de la tablette

 

gillies36.jpg

 

 

 

 

Dv6

 

Dv5

 

Dv4

 

Dv3

 

Dv2

 

Dv1

gillies94.jpg

Echancrée verso photo Stephen Chauvet

 

 

gillies108.jpg

 

 

 

Il aura  a continué à graver cette ligne en s’inspirant de Dv5  gillies42.jpg Photo Steven-Chauvet

gillies44.jpgPhoto  Jaussen

 

 

OBSERVATION 5     Sur cette ligne il apparaît clairement que le graveur  reproduit les imperfections du moulage sur les signes classiques  524f+077gillies45.jpg-  006gillies47.jpg et  gillies48.jpg700.  La main est particulièrement grosse.

 

gillies108.jpg

Puis il aura pu  graver boustrophédon en s’inspirant de Dv4

 

gillies52.jpgPhoto Steven-Chauvet

 

gillies101.gif Photo moulage 

 

OBSERVATION 6  Il apparaît qu’il sculpte la pierre de haut en bas, boustrophédon        Sur  cette section l’analyse en épigraphie nous rapproche également de  la photo du moulage, notamment sur les signes 050- 050 - 001  gillies56.jpg gillies56.jpg    gillies57.jpg   relevés avec erreur dans  le  moulage  et relevés avec ces mêmes erreurs  sur la pierre Gilles.

 

Le graveur a retourné la pierre  pour terminer, en ajoutant  sa fantaisie, une fleur gillies79.jpginspirée de Dv5  puis  continue en s’inspirant de Dv2  pour  enfin terminer la pierre sur l’autre face

 

 

 

gillies105.jpg

 

gillies60.jpg

 

 

Photo Steven-Chauvet

gillies104.jpg

 

gillies106.gif

Photo  du moulage

 

 OBSERVATION 7    Pour la troisième fois,  nous pouvons constater que la gravure se rapproche  des proportions  et maladresses du moulage, notamment sur les signes 009. 006 003 et 670- gillies66.jpg  gillies48.jpg   gillies67.jpg    gillies68.jpg  Le 670 est particulièrement déformé sur le moulage   et cette déformation est reproduite sur la pierre Gillies.

 

 

 

 

OBSERVATION 8 Au sujet de la pierre Gillies, Steven Fisher avance deux dates (1920 ou 1930). Difficiles à prouver.  Les photos du moulage fait par Tepano Jaussen ont circulé en Europe et aux USA depuis 1871 et 1886, au Chili et à Rapanui   depuis 1914  enfin en 1931 et 1936.  Comme pour les pierres Reed et Campbell,  je pense que les tracés ont été relevés sur feuilles volantes ou   cahier,  soigneusement conservés et puis le jour où les nécessités de l’artisanat   se sont présentés, les Pascuans ont gravé sur basalte avec les outils adéquats.  L’outil devait être métallique et dur, le sillon sur la pierre est régulier. 

 

Une demande est en cours sur la venue du Juges Gillies à Rapanui. Le conservateur du Musée m’a donné le nom et les coordonnées de son épouse.

 

CONCLUSION 

 

La pierre Gillies appartenant au Musée du Père Sébastien Englert de Hanga Roa (sans ref. du catalogue) présente la copie de segments de l’Echancrée, mais s’inspire plus particulièrement  de la photographie du moulage  fait par Jaussen qui a circulé dès 1871, comportant les mêmes erreurs que le moulage, par rapport à la pièce d’origine.

 

                            La gravure des figures s’éloigne de l’écriture rongorongo classique que nous pouvons observer    dans 25 tablettes du Corpus Inscriptonium   Paschalis Insulae : l’Échancrée est la tablette D.

 

Il n’est pas possible de lui attribuer une date. L’époque serait postérieure à la diffusion dans l’Île de Pâques de la photo du moulage et antérieure à la mission du juge Gillies.

 

Elle fut offerte à la Gobernacion de Hanga Roa, puis conservée par le Musée du Padre Sebastian Englert.

 

Les lignes sont boustrophédon : elle comporte quatre lignes et le tracé de 26 glyphs simples ou composés.

 

Le sillon est régulier. Elle est en basalte, fort jolie.

 

 

 VIÑA DEL MAR  LE  04/04/2007

 

© Lorena Bettocchi DIBAM Santiago de Chile (estudios y tesis)

 

 

J’aurais aimé observer le bas relief en basalte du Museo P. Sebastian Englert de Hanga Roa. Il fut détaché d’Orongo et comporte une écriture  en forme de bâtonnets.  Il  est introuvable au magasin du musée (affaire á suivre).

 

Pages suivantes : 

 

la belle pierre du Museo de Historia Natural de Santiago

 

les pierres de Tahiti (disparues)



[1] Thomson, William J.  Te pito te henua or Easter Island, traduit en espagnol par Hilda Fuentes, publication des Anales de l’Université du Chili  numéro 161-162 octobre 1980- page 103 à123.

[2] ROUTLEDGE, Katherine S. 1919. The Mystery of Easter Island. The Story of an Expedition. Hazell, Watson & Vinez, London.

[3] BARTHEL, Thomas. 1978. The Eighth Land. The Polynesian Discovery and Settlement of Easter Island. The University Press of Hawaii, Honolulu.  Barthel  analysa en épigraphie ces pages de signes      et la relation avec Tori, page 290

[4] CASEY Robert . 1931 Easter Island,   Bobbs Merrill Co.