Rongorongo : Atelier initiatique de correction du répertoire Jaussen par les Rapanui

 

Banque de données polynésienne des années 1936

 

Premier document (photo 1)

 

Publication : Tahiti Pacifique Magazine n° 185 de septembre 2006

 

 

Les signes sur papier abîmé par le temps, sur des lignes tracées à la main sont  classés approximativement de la même manière que le répertoire de Monseigneur TEPANO JAUSSEN[1] page 21- en respectant les colonnes, (sans les titres) et la traduction en langue française.

 

L’ancien a redessiné  les signes ou signifiants et indiqué des signifiés, groupes verbaux, nominaux ou phrases,  qui lui semblent le mieux adaptés. Il en a carrément éliminé certains ex. tangata avec un pied à la place de la main.

 

·        Pour Te huare,  le premier-né, ou premier fruit du mariage (très joilie expression),  il dessine le fruit. 

·        Pour Vie Takona (femme tatouée, mal traduit dans le répertoire Jaussen par femme coiffée) il fait apparaître dans un dessin le sexe prohéminent de la femme.  Nous connaissons la coutume rapanui de tirer afin de les alonger, les  lèvres du sèxe des filles.

Le groupe a  fourni des signifiés en  langue rapa-nui en respectant l’orthographe.

·        On a ajouté  le he (désignatif ou article défini) au lieu du te cité dans le répertoire édité.

·        Devant les articles numéraux il met le e et non le he (e toru ariki tohuga) ce qui est correct et devant les noms patronymiques le désignatif ko. Tout ceci est impeccable du point de vue grammatical. L’époque ou datation  est  donc difficile mais postérieure à la venue du Père S. Englert en tant que linguiste[2]

 

Revenons à la première photo : sur la droite les Anciens  introduisent le rongo-rongo  à la gloire de ses ancêtres Tuu Maheke fils de Hotu Matua premier roi et Maori rongo-rongo, et de sa grande (nui) famille généalogique (mata)  la tribu Miru, descendant de Hotu Matua...

 

«  Ko Tuu Maheke a Hotu Matua

Ko Miru  Ko te Mata Nui a Hotu Matua”

 

Ce document nous donne à penser qu’il s’agit  d’un atelier secret et de  Maoris rongorongo car il y a une introduction avec un rituel classique, propre aux usages polynésiens, propre à tous les travaux académiques polynésiens, anciens et actuels. L’écrivain ou son maître est  certainement l’un des derniers Maori Rongorongo : c’est un initié qui met l’atelier sous la protection des ancêtres, c’est un Miru  gardien  de la tradition.

 

Il est dommage  que nous n’ayons devant nous que 4 pages, je recherche activement  les autres,  mais ces quatre documents témoignent   que  les Anciens firent preuve de connaissances culturelles et linguistiques en sémantique : un véritable travail unique de correction.   Ils ne se permirent pas, durant cet atelier,  de créer de nouveaux graphismes, comme Métoro le fit devant Monseigneur Tepano Jaussen et comme le firent les écrivains des manuscrits A.B.C.D.E.F découverts par Thor Heyerdahl et Thomas Barthel, manuscrits disparus ou conservés au Musée d’Oslo, tous dérivés de la publication de l’œuvre de l’Évêque de Tahiti qui a voyagé  à Rapa Nui avec Alfred Métraux en 1934.  En ce qui concerne ces quatre nouvelles pages  les anciens  produisirent un véritable travail de correction que Thomas Barthel dans son ouvrage The Eighth Land ne découvrit pas.

 

LE RÉPERTOIRE JAUSSEN ETAIT PARSEMÉ D’ERREURS

MAIS LE BON EVÊQUE LE SAVAIT...

 

Une précédente et sérieuse étude  du  répertoire JAUSSEN[3] en 2003  ne me fut pas inutile ! Un an de travail pour évaluer simplement ce qui est juste et faux, dans son répertoire édité en 1893. Cette étude laisse apparaître des erreurs en sémantique et en traductions.   Certaines erreurs comme nous allons le voir plus loin témoignent de la soudaine grossièreté du jeune Metoro.  Les derniers Maori  Rongorongo qui ont participé à ces ateliers des Old Ones (c’est ainsi que les nomma Barthel) ne les ont pas acceptées.

 

J’ai donné un nom à ces ateliers :  Rongo Metua, le Message des Anciens. Pourquoi ? Ces quatre pages confirment comment était structurée l’écriture rongorongo pour les Anciens Rapanui.  C’est le message des Miru : d’Arturo Teao Tori,  de Juan Araki, de Mateo et Gabriel Veri-Veri.

 

Sur ces quatre photos, les anciens ont travaillé  en sémantique  et nous enseignent  leur  manière de travailler. Et comme Th. Barthel,  qui écrivit que les manuscrits des Old Ones valaient la peine d’être considérés comme éléments de valeur  et d’étude du rongorongo, après Barthel et de nombreux mois de travail personnel sur les manuscrits et ces quatre photos,  j’en ai également l’intime conviction. Le rongorongo est pour moi une mine de renseignements en sémantique, je me suis efforcée d’analyser ces documents, je l’espère, de manière objective.

 

Voici donc la  première des quatre photos :

 

 

 

Et voici l’extrait du  répertoire de Monseigneur TEPANO JAUSSEN, page 21

qui a provoqué les corrections des Rapa Nui

 

tj21a

tj21b

 

 

 

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[1] Publié en 1893, deux ans après le décès du Prélat

[2] (arrivé à Rapa-Nui en 1935,  le P. Englert commence immédiatement sur les bases du P. H Roussel – Son premier ouvrage linguistique est édité en 1948).

[3] Corrections recherchant uniquement les erreurs : transmises à Sergio Rapu en sept. 2005