LE RONGORONGO
TAU ET LES ERREURS DANS LES TRADUCTIONS
© Lorena Bettocchi
LA
SÉMANTIQUE, EST INHÉRENTE À LA
LINGUISTIQUE,
ET LE
CHANT TAU OUVRAIT LES FÊTES
ANNUELLES.
IL
HONORAIT LES ANCETRES
Bibliographie relative au rongorongo tau et
au chant Timo te ako-ako :
Campbell Ramón 1970. La
herencia musical de Rapanui. Editorial Andrés Bello. Santiago ; réédité en 2007.
Fisher, Steven 1997, Easter Island Script, History
Traditions and Text Press University Oxford, New-York, page 312-31
Heyerdahl, Thor 1961 Reports of the Norwegian
Archaeological Expedition to Easter Island and the East Pacific, Vol II
Miscelanea. Ecrits de Thomas Barthel : les manuscrits de Old Ones.
L’UNIQUE CHANT RONGORONGO TAU DE LA FIN DU 19e
SIÈCLE
TIMO TE
AKO AKO OU LA GRANDE RÉCITATION DES SIGNES
Timo te
ako-ako ce n’est pas de la sémantique au premier degré, c’est ce qu’il
reste du chant appelé la grande
récitation des signes : clamer le titre fait partie du rituel, c’est
un chant tau, des fêtes annuelles. Selon ma banque de données, Timo te Ako Ako, est
une introduction ancienne. Timo
est utilisé par Ure Vae Iko. Timo est le mot de la langue marquisienne qui
signifie toute sorte de signes. Ou
bien la désignation, la qualité de la
personne qui détient le savoir des signes et de leurs rituels (les maîtres en
écriture étaient des Maori rongorongo). Tomenika était à la fois parent d’un
Timo (sage, probablement son père adoptif Tea-tea selon Routledge) et il
dessinait parfaitement les signes
(timo). Pour les Rapanui à l’esprit saturé par la nouvelle
morale chrétienne, réciter les tablettes mettait leur âme en danger et pour
d’autres Timo était le sorcier.
Histoire de ces rongorongo tau :
·
1886 : publiés
par Thomson et récites par Ure Vae Iko dans le chant Apai. « Timo
te aka piri apai…. », avec les noms des anciens, les prières des chamanes,
dont le chant de la pluie… de très beaux
chants, très poétiques. (voir les chants
de Ure Vae Iko sur www.rongo-rongo.com)
·
1914 : notés par Katherine Routledge, diverses pages
d’informations, la première étant celle du chant de Tomenika qui allait mourir
après sa visite, et la seconde de Fati Hé, également Miru.
·
1936 : écrits par Gabriel Veri-veri , petit fils de
Tomenika, à la suite d’un atelier des
Anciens. Ce sont des informations mises
à jour par tout un groupe de travail,
avec Arturo Te-ao Tori.
·
1970 : publié par le Docteur Campbell médecin à
Rapanui, musicien, qui édita une
traduction du vocabulaire par rapport au
nombre de signes. Il releva ce chant
dans le cahier de Kiko Pate, de la
famille de Tomenika. Le chant est
correctement publié mais l’interprétation par le bon docteur est complètement à
côté. Les Rapanuis ne reconnaissent pas les
interprétations du Dr. Campbell
comme fidèles à leur tradition orale.
·
2007 :
nouvelle éditon de l’ouvrage du Dr Campell qui répercute cette traduction…
·
2007 :
je publie ma version sur le Web Timo te
ako-ako, la grande récitation des signes étudiée par Lorena Bettocchi avec
l’aide d’un groupe de pascuanes…
Voici tous les relevés, présentés aux jeunes générations
rapanui, étudiants et musiciens. Il n’y
a pas que des troubadours à Rapanui. Une
jeune pianiste Pascuane est de niveau international. Il s’agit d’un rongorongo tau, d’un message
qui nous vient des Veri, ancêtres de
Tomenika. Ma découverte est la suivante : ces ancêtres sont nommés dans le chant de
Gabriel Veri-veri. Pour les reconnaitre, besoin est de s’immerger dans la vie des Pascuans et de naviguer dans les généalogies
rapanui ou les documents du Conseil des
Anciens. (Hotus, Alberto y otros, El Consejo de Jefe de Rapa
Nui. 1988. Te mau hatu ’o Rapa Nui. Los
Soberanos de Rapa Nui. Pasado, Presente y Futuro. Editeur Emisión, Santiago). Une autre qualité est nécessaire : aimer ce peuple Rapanui.
Version Katherine Routledge (22 dec 1914)
Le chant de Tomenika, celui des derniers jours
de sa vie - Analyse © Lorena Bettocchi :
Il s’agit du chant de Tomenika (attention :
la date n’est être exacte par rapport à
la visite au malade, en date de juillet
1914 et par rapport à sa mort qui a suivi la visite de Katherine). Il s’agit
donc d’une mise au net de notes
relevées sur le terrain (like uncertain le prouve). Le document qui inspire l’ancien, dessiné devant Katherine n’existe plus dans les archives du British
Muséum). Katherine Routledge avait écrit
qu’il y avait un rapport entre ce chant et Dieu : oui, selon la sémantique
du texte, il apparaît dans les deux
lignes finales que le dessin était un
support pour prier Dieu (Atua), afin
qu’il protège tout ce qui est sacré : la baie, les terres, les enfants, les hommes, les chefs, les descendants de l’Ariki henua.
(aruki phonétiquement : ariki).
Relevé restructuré
© Lorena Bettocchi
He timo : Te
ako-ako ‘O te nga. E te Tu’u e te taha e te ku ia.
E te ka paka-pa. E te heré hoa. E te
kotiro e te manu vai eha- e te
punaki (here a : like uncertain) -
e te punaki. E te manu vai eha, hoki ki te Atua e haka tupu ana, ki te
henua, ki te tamaiti, ki te tangata. Ariki héa, Ariki
te henua
Posible traduction © Lorena Bettocchi
Les signes de Timo (le sage) : la grande récitation
que célébrait notre peuple, les signes de Tu’u notre ancêtre, ceux de la baie
et du temps passé. Oui c´était au
temps des oiseaux kakapa. Ceci
nous relie au passé. Il y avait des oiseaux de mer punaka, oui des
oiseaux de mer. Demandons la protection
des Dieux, sur ce qui est
sacré : la baie, la terre,
les enfants, les hommes, les
chefs, les descendants de l’Ariki
henua.
Le chant de Fata Hé encore nommé Fati Rongo Pua Tea, né en 1847 (Fati
qui sait le rongo, fils de Tea, père adoptif de Tomenika).
Relevé restructuré :
Ko Timo te ako ako,
he ako-ako te nga, e te
Tu’u, e te taha, e te rongo
e te ku ia, e te kappa-kappa, e te here hua, e te kotiro,
e te manu é há, ki te aita tu Paoa, maunga nui o Tonga, ki te turu
mai, ki a te mea hoki te ariki é há a koi e noho ana i Tu a Tea taata, maru-maru, kohu-kohu, rima
a Hiva Tau tanga Hiva.
Ce chant est
différent mentionne la baie au temps de Tu’u, le rongo des anciens,
la famille de Paoa et la grande montagne
des Iles Tonga, les ancêtre Tea et Hiva
(Hiva tau
Tanga, aimé et respecté, qui détenait le pouvoir de faire la paix entre les
tribus). Fata Hé ne s’adresse pas à Dieu.
Le chant de Gabriel Veri-veri
1936
(Tomenika, encore vaillant, avait enseigné
à ses petits enfants le chant ancien de la grande récitation des
signes).
Ecrits de Gabriel Veri-veri, Manuscrit
d’Esteban Atan. Origine : groupe des Old Ones Juan Araki, Gabriel et Matteo
Veri- veri et
Arturo Te-ao.
Les Old Ones ne pouvaient pas se douter que 30
ans plus tard, un médecin venu soigner les Rapanui allait
publier sur le rongorongo tau de Tomenica, des informations à côté de la
question, nous verrons cela plus loin.
Phonétiquement, le texte
ci-dessus semble être le plus complet et le plus compréhensible car il fut
réécrit en groupe et retransmis aux poètes (à Kiko Paté
de la famille de Tomenika
et Esteban Atan, de la famille du
dernier roi Atamu te Kena). Le Manuscrit d’Esteban Atan fut présenté à Thor
Heyerdahl en 1955 qui le photographia
puis il disparut car son propriétaire qui s’évada de Rapanui en
bateau fit naufrage.
Deux de
mes prédécesseurs ont tenté de traduire ces chants. Nous allons voir ci-après
les traductions de K. Routledge puis celles de Ramón Campbell, qui fut un
éminent musicologue des chants rapanui et qui reprit K. Routledge et continua
de lier le tout, à sa manière…
·
Voici les
notes de Katherine, il s’agit d’une première traduction assez hasardeuse :
LA TRADUCTION DU CHANT TIMO TE AKO-AKO SELON
LE DOCTEUR CAMPBELL
Selon
le Docteur Campbell (la Herencia musical rapanui. – Ed. Andres Bello Santiago
de Chile. – 1970 réédité en 2007) ceci serait la version de l’Ancien Kiko Pate
(oncle de Gabriel Veri-veri). Notons que le bon Docteur a présenté le texte en
rime ce qui est déjà une bonne chose. Les choses se gâtent par la suite…
Analyse par le Docteur Campbell en paléographie :
Page 268
: une analyse soigneuse de cet intéressant document nous a permis d’avancer
dans la connaissance de l’écriture ta’u…
page 269 : version de l’écrit de Tomenika (étude lexicale qui justifie la
traduction du Docteur Campbell) - page 269 : par une
curieuse coïncidence, les mots pascuans
apparaissent regroupés en morphèmes, au nombre de 75. La même quantité de
signes que le ta’u.
Chant
relevé par le Dr Campbell du
cahier de Kiko Pate He timo te ako-ako : he ako ako tena. ¿He te
Tu’u ? ¿He te Taha ? E te kuia ; e te kapa-kapa. E te
herehue ; e te manu va’e punaka. E te manu
va’e eha. ¿ E aha ana? ¡e
noho ana! Itua te ataata. Maru-maru ;
kohu-kohu ; Kia Hiva te para
atuarunga é ; Parakarava tohua Ahaama te riu. Iki mo noho i roto i te pu. E Para.é ; ka rutu i tapu ; Ohea he timo rere makai, Mai he timo he rere anake au ahee pua karava-rava; totake tamahahine, O tapu ara taha é. |
Traduction selon le Dr Campbell Les chanteurs jouent Voici ce qu’ils chantent : Où es Tu’u ? Où est Taha ? Ecoute fantôme, écoute vaniteux, Ecoute amarre, (lienza) ; animal à grosses pattes, Animal à quatre pattes. Que font-ils ? Ils sont
assis ! Au-delà de la pénombre Tranquille et fraîche ombre. Ils regardent jusqu’à Hiva, l’arc en ciel Dans la grotte jaune, ils médisent sur Hahaama Qui anime le chant et reste dans la grotte. Ecoute Para, que soient récités les chants sacrés, Des guerriers qui sautent Et attaquent tout. Moi je sauterai quand ( comment traduire : azoten hasta sacar
roncha ?) Prenant la fente féminine du chemin sacré diagonal. |
Etude lexicale du docteur
Campbell par rapport au rongorongo tau de
Tomenika, ci-contre, qui comporterait 75 figures ou signifiants auxquels
correspondraient les signifiés suivants (j’ai traduit en français les mots en castillan,
cependant, je ne valide pas cette traduction
de l’arero rapanui au castillan. 1 he (los) - 2 timo (cantores,
guerreros / chanteurs, guerriers) - 3 teako
(ensayan / jouent, chantent) – 4 ako (cantos, rezos / chants, prières)
–5 he (los / les) – 6 ako-ako (chants/
prières) - 7 tena (son esos /
sont, ceci) – 8 he (¿donde ?/
où ?) – 9 te ( està,el /est, il ) – 10 tu’u (¿ mastil ? /
manche ?) – 11 he (¿donde ? /Où ?) – 12 te Taha (està Taha, el
travesaño / est Taha, le croisillon, la traverse) – 13 E (he) (oye / écoute) – 14 te (el /le) – 15 kuia
(fantasma / fantôme) - !6 e (he) (oye, està / écoute, est) – 17 te (el / il) – 18 kapakapa
(vanidoso / vaniteux) . 19 E, he (oye,
està / écoute, est) – 20 te (el /le)
– 21 herehue (amarra, lienza /amarre,
toile, pan de mur pour lienzo, je n’ai pas trouvé lienza) – 22 e, he (oye, està /écoute, est) – 23 te (el / le) – 24 manu (pájaro,
animal / oiseau, animal) – 25 va’e (patas / pattes) – 26 punaka (gorda /
grosse) – 27 E he (oye, està /
écoute, est) - 28 te (el / il) 29 manu (pájaro, animal /
oiseau, animal) – 30 va’e (patas / pattes) – 31 eha (cuatro / quatre) -32 He
aha ana (¿que hachen? / que font-ils?) -33 he noho ana ( ¿estan
sentados ! / ils sont assis) – 34 i (en/ en) – 35 tua (atrás / en
arrière) – 36 te ataata (penumbra /
pénombre) – 37 maru-maru (fresca / fraîche) – 38 kohu-kohu (sombra / ombre) –
39 ongaoanivae (mirador de Aniva / mirador d’Aniva) – 40 kiahiva (hacia Hiva,
su tierra / jusqu’à Hiva, sa terre) –
40 te (el – il) – 41 para (
mira, amarillea, amarillo / regarde, jaunit, jaune) - 42 atuarungae (arcoiris, señor de arriba /
arc en ciel – seigneur d’en haut) – 44 parakarava (cueva con plantas / grotte
avec des plantes) – 45 tohau (maldice, ¿benedice ? /médit, bénit ?)
– 46 ahaama (vergúenza / honte) – 47 teriu (el canto –/le chant) – 48 iki
(anima, lo dijo / âme, ce qui fut dit) –
49 monoho (para quedar / pour rester, pour vivre) – 50 iroto
(adentro / dedans) – 51 I (en /
dedans, en) - 52 te (el / il) – 53 pu
(oyo / trou, cavité) 54 Eparae (oye Para, mira / écoute Para, regarde) – 55
karutu (que reciten / que récitent) – 56 I (los / les) – 57 tapuohea
(sagrados lugares, donde /les lieux sacrés, où) – 58 he (los / les) – 59 timo
(guerreros, cantores / guerriers, chanteurs) – 60 rere (atacan / attaquent) –
61 makai (para comer, ganar, matar /pour manger, gagner, tuer) – 62 mai (haciá
acá / jusqu’ici) – 63 he (los /
les) - 64 timo ( guerreros, cantores /
guerriers, chanteurs) – 65 herere (atacan, ¿saltan ? / attaquent,
sautent) – 66 anake (todos / tous) – 67 au (yo / moi) – 68 ahee (cuando /
quand) – 69 pu’a (azoten - ?) – 70 karavarava (sacar roncha - ? -)
– 71 totake (tallo ¿tronco ? / tige, tronc) – 72 tamahahine (feminino /
féminin) - 73 o (de/de) – 74 tapu
(sagrado ¿prohibido ? / sacré, interdit ? ) – 75 aratahe (camino
diagonal / chemin diagonal). |
Analyse de cette publication : responsabilité
Lorena Bettocchi
L’étude lexicale produite par le Dr Campbell,
insuffisante, ne put qu’aboutir à une deuxième traduction inacceptable. Ces
mots amalgamés (toujours le même problème lorsque les non-orientaux se mêlent
des langues austronésiennes !) ne peuvent être considérés comme
exacts. Ce travail fut effectué, dit le Docteur
Campbell, en étroite collaboration
avec Ricardo Hito et Kiko
Paté. Un Rapanui qui travaille en étymologie avec l’Université de Playa
Ancha, a des doutes au sujet de cette
affirmation. Plusieurs anciens que
je connais comme descendants de Tomenika
et de la famille de Victoria Rapahango se fâchèrent avec le Docteur Campbell au
sujet de ses traductions des chants rapanui. Je ne parlerai pas de tous les
chants cités dans la Herencia Musical de Rapanui, ce n’est ni mon domaine, ni
mon propos. Par contre le rongorongo est mon domaine aussi je me fais porte
parole des actuels troubadours de l’île et des descendants de la famille de
Tomenika et de Pakomio Maori Ure Kino qui fut le premier instituteur de l’île.
Une première traduction, un peu différente de celle-ci, fut publiée dans
les anales du Museo de Historia Natural
de Valparaiso. Il y avait une
exclamation scotchée à l’intérieur d’un vers : vergüenza el
canto ! Il s’agit probablement d’un commentaire… car aucun fait honteux ne fut chanté par les anciens
Rapanui. Prudence donc quant’ à l’interprétation de ce chant dans le passé.
LA TRADUCTION DU CHANT
TIMO TE AKO-AKO DE STEVEN FISHER
Voici ce qu’il écrivit en 1994 dans son ouvrage Fischer, 1994c, page 34
auto-édition :
Counting eight more to each half line, identifyng known lexical items, correcting obvious errors, deleting
apparent intrusions and using standard
word-division, orthography and capitalisation, one arrives at the metrically reconstructed version
(Fischer, 1994c:434)
E timo te akoako, he
akoako tenā E te tu’u, e te taha e
kuia kapakapa, E te here huahua e manu
va’e ‘e hā Aha ana ? Noho ana’i tu’a te ‘ata’ata, Marumaru, kohukohu, ‘o ngau ‘a Niva é. Kia hiva, tr, para, para kava tō hua! Aha ama te riu iki ? Noho roto ‘i te pū. Roto i te pū hea ? Tī mo rere mako’i Ana Kea ‘ua he’e, ‘ua kapa, ‘ua rava. Tatake, tamahahine ‘o te pua rata hā. |
A literal English translation To be formally sungs is
the chant, to be chanted is this: There’s the tu’u, there’s
the frigate bird, there’s the “flapping booby”, There’sthe “tailless
brooder”, there’s the “four-footed
bird”, Doing wath ? Dwelling
behind the shadows of people, Shadows of plants,
shadows of things, lest Niva bite. Let there be dancig and
singing, stitching [bowing], softening ; let there ripen kawa, that of the sons [testicles] ! Why the song-devotion ?
To stay within the hole. Within the hole where
? [on the] tī leaves for top-tossing When [so that] there runs
non-rain, squirming rain, filling rain. Put up a fight, young
women, lest the flower be tamed, ha! |
Que dire de la traduction de Steven Fischer ? Les Rapanui ne reconnaissent pas leur chant et
se mettent en colère. « Cessez -disent-ils- de ridiculiser nos ancêtres ». Car dans
ce chant, on nomme Timo, le lecteur de signes, l’initié… mais aussi Tu’u
(Maheke), Tea-Tea (l’initié des rongorongo tau à la gloire des ancêtres, vivant
à la fin du 19e siècle , O’nga
Hiva, Para Kava Tohua tous ancêtres de
Gabriel Veri-veri, petit fils de Tomenika
a Tea-Tea qui chantèrent la nostalgie des temps anciens… du temps ou à l’Ile de
Pâques… il y avait encore les signes et les récitants… Cette généalogie est
décrite dans Routledge.
UN AUTRE REGARD SUR LE CHANT TIMO TE AKO-AKO
© Responsabilité Lorena Bettocchi
Après avoir étudié la langue ancienne des Maoris
(premiers lexiques 1770, Aguerra Infanzon - 1868 Père Hipolyte Roussel, et les
dictionnaires qui ont suivi de Churchill et Jordi Fuentes), après avoir validé que ces mots anciens
vivent dans la langue marquisienne et la langue ancienne des Îles Tonga,
voici ce que je propose (ce qui ne veut pas dire traduction littéraire)… Aucun de ces mots n’est attribué, avec des
numéros, aux 75 signes du rongorongo tau de Tomenika, mais pourrait s’y
rapporter, en tant que support.
Première exigence envers soi-même et envers les
anciens : connaitre parfaitement la
calligraphie de Gabriel Veri-veri, ses t, ses h, et son orthographe car le Père
S Englert a des échanges linguistiques avec lui. Cette banque de données
est dans mes mains.
Deuxième prérequis : l’étude
lexicale
A
A : v.i. existir, estar, ser / exister, être, se trouver – A :
prep. gen. de/de –
Aha : pron. interr. ¿que ? ¿cual ?/lequel ? de quoi s’agit-il ? quoi ? -
Ako : v. orar, recitar, oración, recitación/prier,
réciter, prière, récitation – ako-ako, mot doublé, tournure empathique, la
grande récitation.
Ama : s. balancín de los botes antiguos
/balancier des anciennes pirogues –
Ana : s. caverna, cueva, baya / caverne,
grotte, baie -
Ananake : pr, todos / tous –
Angi, angi-angi : v.t. comprender, conocer,
intender / comprendre, connaître, entendre.
Ara : s. camino / chemin -
Atua : s. Dios, espíritu /Dieu, esprit
tutélaire -
Au : pr.pers. Yo/moi –
E
E : pr.rel. el que, quien / qui, celui
qui -
H
Haka rutu : v. t. leer, recitar, tocar el
tambor / lire, reciter, jouer des percussions, fête.
Haka : v.t.
hacer, sabiduría maori / faire, savoir-faire maorí, sagesse.
He : art. def. la, lo, las, los, a / la,
le, les, à la -
Here, haka here v. hacer amarrar, unir en
el pasado / amarrer, unir dans (avec) le passé
- Here : hacer amistad / faire la
paix, être amis -
Heu : s. descendientes de padres y madres de
tribus distintas / descendants de pères et mères de distincts tribus.
Hiva : s. tierra maori / terre Maori – Hiva
en marquisien veut dire Lumière – Nom de l’un des ancêtres de Tomenika a
Tea-Tea –
Hoe :s.
rame, ramer, piroguiers, navigateurs –
I
Ia : pron. pers. el, ella / lui, elle – interj.
Oui, c’est cela -
Ihi : s. file de femmes qui chantent -
K
Kai : s. rouge de lune ou de soleil –
Kakapa : s. ave marina cuyos polluelos
llamados punaka era consumidos como alimentos /
oiseau marin (espèce disparue de la côte
rapanui) les oisillons appelés
punaka étaient consommés comme aliments-
Kava, vaka : s. piragua/pirogue ancienne -
Ki :
s. sabiduria/savoir – connaissance – adv. hasta arriba /vers le haut –
Kii : s. palabra, idioma/ parole, langue –
v.t. muerto/réputé mort –
Ko : art, pron. pers. en nominativo / art
qui précède les noms de personnes -
Kohu : s. sombra/ombre –
Ku : pref. o suf. pasado de los verbos / introduit le passé des verbes –
Kura : s. el mejor de una cosa, el hermoso
/ le meilleur d’une chose, le beau -
M
Ma, mo : prep. para/ pour –
Manu : s. pajaro, hombre joven – adj. bravo
/ oiseau, homme jeune, brave, vaillant –
Maro : s. bandera, adorno de jefe con plumas de
aves / étendard, couvre-chef de dignitaire en plumes d’oiseaux -
Nga, na, ŋa : s. grupo, tribu. gente, familia / groupe, tribu, gens, famille
–
O
O :
s. celebración, fiesta, ritual /célébration, être en fête, rituel.
Otea : s. amanecer / lever du jour -
P
Papa : s. mar, oceano /mer, océan -
Para : adj.
maduro /mûr –
Pu : s concha / v. soplar el pu (costumbre
polinesia) /souffler le pu (gros coquillage, coutume polynésienne, accueil,
bienvenue)
Pu : v.
salir, encontrar a alguien, oyo/
sortir, à la rencontre de, trou, cavité – toponyme rapanui : Te Pu –
Pua : s. brote de una planta, del hombre,
hijo / pousse d’une plante, petit d’homme, descendant -
Punaka : polluelos de ave marina (oisillon
d’espèce marine) – (espèce disparue) –
R
Rae : adj. primero / premier –
Rava, rava-rava, riva-riva : adj.
abondante, muy abondante, muy bueno, optimo / abondant, mot doublé très
abondant, excellent –
T
Taata, tangata, taŋgata : s. hombre/homme -
Taha : s. costa, orilla del mar / côte, bord
de mer –
Takea : s.
aparición, visión / apparition, visión –
Tamahina : adj. feminino / féminin – s. hembra,
jovencita /femme, jeune fille.
Tapu: adj. sagrado, prohibido / sacré,
interdit –
Te : art. def. el, la, los –
Tea – aparecer de las estrellas, salir la
luna, claro, rubio / apparition des étoiles, montée de la lune, clair, blond –
Tea-Tea : padre adoptivo de
Tomenika/père adoptif de Tomenika.
Timo : antepasado de Tomenika / ancêtre de
Tomenika -
Timo : toda clase de signo en idioma maorí,
el sacerdote, el brujo / toute sorte de signe ou figure en langue maorí, le
sacerdote, le sorcier –
To, te o : art. al / au -
Tu ku O’nga : antepasado de Tomenika /ancêtre
de Tomenika –
Tu’u : El que está de pie, levanta al
pueblo, las estatuas (Tu’u Ma-heke) /
Homme debout, celui qui soulève, qui érige (son peuple, les statues).
Tu’u : antepasado de Tomenika / ancêtre
de Tomenika.
Tuku : vt. pescar con red /pêcher au filet -
V
Vae : v.
elegir, seleccionar/ élire, sélectionner. s. el elegido/ l’élu –
Vaka : père de Tomenika, constructeur de
pirogues –
Vaka, kava : s. piragua /pirogue –
Troisième travail : après l’étude lexicale, les
mots choisis du rongorongo (ce terme n’est pas de moi mais de l’ancien Ure Vae Iko devant Thomson en 1886…)
©
Lorena Bettocchi et peuple rapanui Titre : He Timo He Timo, te akó-akó’. Te akó-ako’O te nga’e… Te
Tu’u ’e te taha… E te ku ia, e te kapa-kapa, He te here hue E te manu vae punaka, E te manu
vae. E
aha… E aha ana e noho ana hitu a Tea taata. Maru-maru,
Kohu-kohu O’nga O a
Hiva e…Ki a Hiva te Para Atua runga e… Para Kava(1)Tohua, aha mate Riù i ki mo noho I roto te
pu, e papa’e Ka rutu I tapu otea, He
Timo, rere, ma kai-ma kai, te Timo. He
rere anake, aú, a hoe… Pua ka
rava-rava, to toke tamahahine O tapu
ara Taha (1)
Dans l’ancier
parler le Kava (vaka) Tohua était le constructeur de
pirogues, du moins au temps ancien où il y avait encore du bois pour les
construire (le dernier homme qui a vu
des pirogues et les a décrites c’est James Cook). |
Les significations des termes en arero rapanui
étant plus choisies, reprenons le tout à zéro, selon le souhait des
Pascuans qui voudraient que la poésie de leurs anciens soit reconnue : Titre :
Le chant de notre ancêtre Timo C’était aux temps anciens, la grande récitation des signes de la tribu de notre ancêtre Tu’u , Ces signes nous
faisaient revivre le passé : L’époque des
kakapa, oiseaux des élus et des
oisillons punaka, choisis pour les braves… Ces oiseaux vivaient dans le littoral, dans la septième
baie, celle de notre
ancêtre, Homme-Tea, le lumineux Leurs
plumes servaient pour les atours, O’nga O a Hiva,
Para, venu de Hiva Que
Dieu soit avec toi, Para Kava Tohua… [Constructeur de pirogues], Que le chant du pu nous rassemble au bord de la mer… Que roulent
les percussions Au soleil levant, Timo cours vers nous
au soleil rouge, au soleil levant , Timo, Rejoins-nous, viens
à moi, rejoins les tiens, Lorsque
les plantes donnent de beaux bourgeons … et que les jeunes filles sont enlevées (1), Sur le
chemin sacré du littoral (1)
Une indication ethnique: la
coutume ancienne d’enlever les
filles et de les amener dans la tribu du
fiancé valait mariage. En bleu : les ancêtres de Tomenika :
c’est en cela que Timo te Ako-ako est un chant annuel rongorongo tau ( à la gloire des anciens) |
Pages suivantes : les objets ou
tablettes dérivées du rongorongo tau