Jacob
Roggeveen - Découverte de l’île de
Pâques
Traduction ©
Jack Maloigne
Monsieur Jack Maloigne :
Ø Ingénieur Chimiste (Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Rouen).
Ø Diplômé du CPA Chambre de Commerce
de Paris (Centre de Perfectionnement
aux affaires)
Ø Diplômé archéologue de
l'université d’Arras-Lille
Ø Fut Directeur à Creusot Loire
Ø Et Directeur Général du Bassin Sidérurgique de Decazeville
Ø Ex Président de l' Association
des Anciens Elèves des Grandes Ecoles de Chimie
Ø Actuel Président du CEIPP
Introduction
Pendant longtemps l’île de Pâques
représenta l’île mystérieuse, l’île aux secrets fabuleux. Faut-il rappeler que
l’île de Pâques est un petit rocher volcanique de 12 km de large et 24 de long,
le point du monde le plus isolé, à 3800
km de la côte du Chili et à 1900 km de
l’île polynésienne habitée la plus proche ?
Hollande 1672 : un homme d’une grande
culture spécialiste des théories de navigation, Arend Roggeveen avait
soigneusement établi les bases d’une exploration des terres inconnues du
Pacifique Sud, afin d’y implanter des
comptoirs commerciaux.
Aux XVIe et XVIIe siècles, la suprématie des mers étant réservée à de
grandes puissances coloniales, l’Espagne et le Portugal, les Hollandais,
désireux d’établir des relations commerciales avec ces pays continuaient à armer des vaisseaux
souvent détruits par les flottes de ces pays déjà présents.
Dès 1667 germe dans l’esprit d’Arend
Roggeveen le projet d’armer une flotte pour une expédition nécessaire à une
étude approfondie. Le projet est mis au point en 1672, mais des circonstances
politiques contraires empêchèrent la réalisation du projet.
À la mort de son père, le jeune Jacob, âgé
de 20 ans, après plusieurs années
consacrées à l’étude, reprend le projet maritime conçu par son père. Jacob Roggeveen vient en personne présenter
son projet à plusieurs reprises aux responsables de la Compagnie Hollandaise
des Indes Orientales, société
nouvellement créée. Le projet est adopté et le 10 avril 1721 Jacob Roggeveen
peut commencer l’équipement des 3 navires de l’expédition : le Den Arend, le Thienhoven et l’Africaansch Galey.
La Compagnie Hollandaises des Indes
donnait comme objectif majeur la recherche des terres signalées par E. Davis et
Dampier, au cours de leur voyage en 1685.
Cette recherche aboutit à la découverte de l’Ile de Pâques, le lundi
6 avril de l’an 1722… Et le nom de Roggeveen restera attaché à la découverte de l’île de Pâques
Après avoir
quitté l’Ile de Pâques, Roggeveen continua l’exploration de cette partie du
Pacifique et va y faire de très nombreuses découvertes : Makatéa aux îles
Tuamotu, Bora-Bora et Maupiti, aux Iles de la Société et une partie des Samoa..
Au cours de
la navigation, l’expédition connut de graves problèmes, notamment la perte de
l’Africaansch Galey sur les récifs des Tuamotu. De plus,
la santé de l’équipage devint précaire, il fallut se résoudre au retour vers la Hollande, mais Jacob
Roggeveen étant dans l’impossibilité de renouveler les vivres, dut demander
secours dans un port de Java. Les autorités de Batavia appliquèrent des
sanctions sévères : confiscation des bateaux et des documents, notes de
navigation, journaux de bord.
… Ainsi se termina l’histoire de l’expédition
Roggeveen
Cependant
ce voyage a très vite joui d’une très grande notoriété, Jacob Roggeveen est
devenu une importante figure de l’histoire du Pacifique Sud.
Bibliographie :
Sharo Andrew 1970 Jacob
Roggeveen Oxford Clarendon Press
1970
Le journal
de Jacob Roggeveen édité par Andrew
Sharo, Oxford Clarendon Press 1970 reste actuellement la source la plus
autorisée des observations faites au cours de l’expédition de la découverte de
l’Ile de Pâques. La publication de ces documents est tardive, mais rappelons
qu’ils furent saisis par les autorités de la Compagnie Hollandaises des Indes Orientales et transmis
aux archives. Ils ne furent retrouvés que fortuitement par un archiviste curieux… en 1836.
Le journal
de l’expédition rédigé quotidiennement est un précieux document sur les
conditions de navigation
particulièrement difficiles.
…Cette île
de Pâques n’était pas celle qu’il recherchait, mais il ne le sut que plus
tard. Nous sommes en plein Océan
Pacifique, à mille miles de toute région
habitée. Une île apparaît au loin, nous sommes le jour de Pâques…
Le journal
de Jacob Roggeveen a été traduit le plus fidèlement possible, c’est pourquoi certaines
phrases peuvent paraître longues et
lourdes, mais elles veulent restituer l’ambiance de cette découverte.
Découverte
de l’île de Pâques.
Ayant une
légère brise du Sud-est et Est-sud-est, la terre étant à l’ouest à 8-9 miles de
nous, nous naviguions de l’ouest vers le Sud au nord-ouest, ainsi nous allions
10 miles à l’ouest, la position estimée étant 27° 4’ de latitude Sud et la
longitude 265°42’.
Durant la
9e observation, l’après-midi, nous avons vu au loin une fumée s’élever en
plusieurs endroits ; nous en avons conclu que cette île était habitée.
Nous avons informé les capitaines des autres bateaux en précisant qu’il n’était
pas nécessaire d’entreprendre un
débarquement important pour connaître l’île. Nous avons décidé que 2 chaloupes
des bateaux Arend et Thienhoven, bien équipées et armées
iraient à terre et chercheraient un endroit convenable pour débarquer et sonder
les fonds.
Cette
décision étant prise, nous resterions sur nos bateaux pour la nuit et les
commandants des 3 navires de la Compagnie tiendraient à bord du navire Arend un conseil, en présence d’un officier secrétaire.
Lundi 6
avril 1722
Le responsable
de l’expédition rechercha comment aller dans l’île qui se trouvait à environ 2
miles devant nous. Une partie des membres de l’expédition ayant vu une fumée
s’élevant de différents endroits et avec raison avait pensé que cette île
paraissant sableuse et stérile était néanmoins habitée.
Le
responsable de l’expédition ne voulant pas être coupable ou accusé de
négligence, décida que nous irions à
terre avec 2 chaloupes convenablement armées pouvant se défendre dans le cas d’un accueil hostile. Nous ne
voulions pas être agressifs, mais connaître les coutumes des habitants, voir ce
qu’ils portaient ainsi que leurs ornements et
enfin leur donner des graines, des fruits, quelques animaux et
rechercher ce que nous pourrions éventuellement échanger. Après que ces considérations furent
approuvées, nous avons décidé que 2 chaloupes du navire Arend et Thienhoven
iraient dans l’île, dès le lever du jour et que le navire Africaansche Galey
assurerait leur protection, s’il en était besoin, en suivant les chaloupes le
plus près possible à distance raisonnable. Ces décisions furent enregistrées et
signées par Jacob Roggeveen, Jan Koster, Cornélius Bouman, Roclof Rosendaal.
Le temps
étant très mauvais et instable avec de l’orage, une forte pluie et un vent de
nord-ouest, le débarquement sur l’île fut retardé. Le matin suivant le capitaine Bouman vit,
venant de l’île et se dirigeant vers son bateau, une barque avec un homme
complètement nu, ne portant rien sur lui. Celui-ci paraissait très heureux de
nous voir et admirait nos bateaux. Il observait la grande hauteur des mâts, la
finesse des cordages, les voiles, le canon, il regardait tout avec attention.
Quand il se vit dans un miroir, il bougea la tête et regarda au dos du miroir
en cherchant la raison de cette vision. Après que nous eûmes ri de son
étonnement, nous le renvoyâmes à la côte en lui ayant donné et mis autour du
cou un petit miroir, une paire de ciseaux et différentes petites choses avec
lesquelles il semblait trouver plaisir et satisfaction. (2)
En
approchant à peu de distance de cette terre,
nous vîmes clairement que la description d’une île basse et sableuse
(d’après, d’une part le Capitaine William Dampier, se rapportant au
compte-rendu du Capitaine Davis et d’autre part le journal personnel de Lionel
Wafer, auquel Dampier avait donné, en l’imprimant et en l’illustrant avec tous
ses voyages sur mer, une renommée mondiale…), que Dampier considérait comme
étant une pointe du Continent Austral, n’était pas le moins du monde semblable
à nos observations : l’île était une succession de hautes terres.
Cette Ile
de Pâques ne pouvait être cette île
sableuse, petite et basse , alors qu’elle avait une circonférence comprise
entre 15 et 16 miles et possédait aux extrémités Est et Ouest, distantes d’environ 5 miles,
deux hautes collines qui descendaient graduellement. À la jonction de celle–ci avec la plaine, on
voyait 3 ou 4 petites élévations de terrain.
Etant assez éloignés de l’île,
nous avions observé une terre brûlée, une végétation si pauvre
que nous pensâmes qu’elle aurait pu être comparée à une
île « sableuse».
Partant de
ces observations, il fut facile de penser qu’en dehors de cette Ile de Pâques,
le but de notre expédition, se trouvait plus à l’Est. Les descriptions écrites et orales pouvaient
aisément expliquer l’erreur d’appréciation.
Nous
avions un vent Sud, Sud-est, Sud-sud-ouest avec des rafales.
Après le
service du petit déjeuner, nous envoyâmes notre chaloupe bien équipée et armée,
comme celle du bateau Thienhoven.
Après qu’elles se soient approchées de
la côte, il fut rapporté que les habitants portaient peu d’habits ou de toutes
sortes et de toutes couleurs. Ils nous
faisaient signe de venir vers eux, mais les instructions données étaient
contraires, et le nombre des indiens présents trop important. Certains
pensaient qu’ils avaient vu les îliens avec des plaques d’argent dans les
oreilles et des colliers de perles autour du cou comme ornements.
Le
soir, revenant aux navires Thienhoven et Africaansche Galey dans la
baie, nous jetâmes une ancre par 22 brasses de fond, dans les récifs
coralliens, prenant une orientation telle que la pointe Est de l’île se trouvât
à l’Est-sud-est, la pointe Ouest étant à l’Ouest-nord-ouest (3).
De
nombreux canots venaient à nos navires (4).
À notre
étonnement, ces gens montraient de l’intérêt pour tout ce qu’ils voyaient et
peu timides, ils prenaient les chapeaux et les bonnets sur la tête des marins
et sautaient par-dessus bord avec leurs larcins. Ils étaient de bons nageurs
étant donné qu’ils venaient de l’île à
nos navires en nageant ; l’un
d’entre eux sauta de son canot, par la fenêtre,
dans la cabine du capitaine et
voyant une nappe sur la table, jugeant que c’était une bonne prise, s’en empara et partit avec. Après ce
larcin, une surveillance toute
particulière fut nécessaire afin de conserver chaque chose en bon état.
Nous
préparâmes un débarquement avec 134 hommes afin de faire des observations sur
l’île pour nos rapports.
Le matin suivant, nous partîmes avec 3
bateaux, 2 chaloupes et 134 hommes bien armés de fusils, de sacs de cartouches
et d’épées.
En arrivant
à la côte, nous mîmes les bateaux et les chaloupes à l’ancre en prévoyant pour
leur sécurité, une garde de 20 hommes armés. Le bateau Galey
l’Africain était également équipé de
2 petits canons. (5)
Tout ceci
étant réglé, nous marchâmes groupés et non pas en rang, à cause des nombreux rochers sur le
rivage. En arrivant dans la plaine, nous vîmes des habitants en grand
nombre, venant vers nous.
Aussitôt,
les marins des 3 bateaux étaient mis en ordre de bataille sous les ordres des
Capitaines Koster, Bouman et Rosendaal, formant 3 rangées l’une derrière l’autre, ces marins étant
protégés par la moitié des soldats sous les ordres de l’enseigne Martinus
Keerens. Après application de ces
ordres, nous allâmes un peu de l’avant afin de donner plus de place à nos gens
qui étaient en arrière. A notre grand étonnement et avec surprise nous entendîmes 4 à 5 coups de mousquets tirés derrière
nous, avec des cris très forts « tirez tirez» (6).
Instantanément plus de 30 mousquets tirèrent,
les indiens étant complètement surpris et effrayés laissèrent derrière eux 10 à12 morts, en plus
des blessés.
Les
éléments en tête de l’expédition s’arrêtèrent et demandèrent qui avait donné
l’ordre de tirer, et pour quelle raison.
Peu de temps après un officier du bateau Thienhoven expliqua qu’il
était à l’arrière et qu’un des habitants de l’île avait saisi le canon de son
fusil afin de le lui prendre de force, pendant qu’un autre indien le tirait par
sa blouse. Certains habitants de l’île
voyant notre résistance, ramassèrent des pierres avec des gestes menaçants. De
toute évidence le tir de ma petite troupe était dû à cette menace, sans
qu’aucun ordre de tirer n’ait été donné.
Ce n’était pas le moment de rechercher des informations, il était préférable de remettre cela à plus
tard lors d’une meilleure opportunité.
L’étonnement et la peur des habitants les avaient rendus craintifs, puis
ils se rendirent compte que nous ne continuions pas les hostilités et nous leur
avons fait comprendre par gestes que la mort était proche s’ils continuaient à
nous menacer avec des pierres.
Les
habitants de l’île qui étaient prés de nous et qui faisaient face revenaient
vers le Chef des Officiers et l’un
d’entre eux qui semblait avoir de l’autorité sur les autres, donna des ordres
afin que l’on nous apportât des fruits,
des légumes, des volailles… et s’inclina, témoignant de son regret de cet incident.
Peu de
temps après, ils apportèrent une grande quantité de canne à sucre, de
volailles, d’igname, de bananes et nous
leur fîmes comprendre par gestes que
nous ne voulions rien, excepté les volailles, environ 60 et que nous avions largement payées -ainsi que 30 régimes de
bananes- avec des tissus rayés qui leur plaisaient.
Après avoir
remarqué les colifichets qu’ils portaient, leur forme et leur couleur, nous qui avions imaginé voir des plaques d’argent et des colliers de perles, nous
constatâmes que ces objets étaient sans valeur. Les vêtements qu’ils portaient,
simples et de bon goût étaient faits
de morceaux préparés à partir d’une
plante cultivée dans leurs champs et cousus en 3 ou 4 épaisseurs. (7)
La terre
des champs était rouge et jaunâtre ; mélangée avec de l’eau elle
permettait, après trempage et séchage de teinter ces morceaux de vêtements.
Cette teinture était légère et s’enlevait facilement, elle restait sur leurs
doigts, simplement par le toucher sur
les nouveaux habits, mais aussi sur ceux qui étaient anciens et usés(8).
Ce que nous
avions pensé être des plaques d’argent accrochés aux oreilles étaient des
morceaux ronds ou ovales de racines de panais ou de carottes. Le diamètre
allait de 1.5 pouce pour les plus petites jusqu'à 3 pour les importantes. Il faut savoir que dans cette
population, les jeunes ont le lobe de l’oreille étiré, une petite partie est
fendue et la rondelle blanche est insérée dans cette ouverture puis poussée
vers la partie la plus large en la fermant (9).
Les perles
qui ornaient le cou de ces gens
provenaient de coquillages plats dont la
couleur intérieure était semblable à celle de nos coquilles d’huîtres (10).
Quand ces
indiens étaient aux travaux des champs ou nageaient, ces pendants d’oreilles
étaient incommodes. Ils les retiraient et relevaient le lobe de l’oreille vers le haut, ce qui leur
donnait une étrange apparence comique.
Ces gens
ont un corps bien proportionné, d’assez grande taille, paraissant vigoureux et bien musclés. Leur couleur naturelle n’est pas
noire, mais jaune ou jaunâtre. Nous vîmes de nombreux jeunes, parmi lesquels
certains n’avaient pas de peinture bleue
(11) sur le corps parce qu’ils étaient d’un rang élevé et ne devaient pas participer aux travaux des champs.
Ces
gens ont les dents, blanches comme de la
neige et une bonne dentition. Même les
vieilles personnes aux cheveux gris que nous pouvions observer croquaient de larges coquilles dures, aussi épaisses que
nos noyaux de pêches.
Dans
l’ensemble, leurs cheveux et la barbe étaient courts et de couleur claire.
D’autres avaient les cheveux longs, tombant dans le dos ou en touffe sur le
dessus de la tête, comme certains chinois de Batavia. Nous ne connaissions que
peu de choses de la religion de ces gens, notre séjour étant trop court. Nous
observions qu’ils faisaient des feux devant de grandes statues de pierre et
qu’ils s’asseyaient sur leurs talons, penchant la tête et levant et abaissant leurs mains. (12)
Ces grandes
statues de pierre nous étonnèrent. Nous ne pouvions comprendre comment ces gens
dépourvus de grosses poutres de bois pour fabriquer quelques dispositifs, et de
même dépourvus de forts cordages,
avaient pu ériger ces statues, lesquelles avaient plus de 30 pieds de
hauteur avec une épaisseur en proportion. Mais notre étonnement cessa avec la
découverte d’un morceau de pierre fait d’argile ou de terre glaise dont ces
statues étaient faites. Ces statues ayant une apparence humaine étaient rangées
ensemble avec ordre. Elles présentaient un léger relief descendant des épaules
jusqu’aux pieds marquant les bras. De même était pendu autour du cou, un long
vêtement descendant jusqu’au sol. Sur la
tête un panier dans lequel étaient posées des pierres blanches. (13)
Comme
personne ne pouvait voir s’ils avaient des pots en terre, poêles ou autres
récipients, nous ne comprenions pas comment ces gens cuisaient leur nourriture.
Nous observâmes qu’ils creusaient des
trous
dans la terre avec leurs mains et
posaient des pierres, puis ils
apportaient des brindilles séchées, les posaient dessus et les
enflammaient. Peu de temps après, ils
nous apportèrent pour manger une volaille cuite
enveloppée dans une sorte de joncs, alléchante, de bel aspect blanc et chaud ; nous les remerciâmes par
signes parce que nous avions la tâche de surveiller nos gens afin de les garder bien disciplinés et de
cette manière ils ne pouvaient pas nous
causer le moindre mal mais aussi en cas de désordre, ne pas être surpris.
Quoique
ces gens nous témoignèrent des marques d’amitié, l’expérience nous avait appris
qu’il était préférable d’avoir une certaine méfiance. Comme le rapporte le
journal de la flotte de Nasseau-Fleet
17 hommes avaient été tués sur la Terre de Feu,
trompés alors qu’ils rendaient de loyaux et bons services aux habitants.
Nous pouvions alors observer avec attention et conclure qu’il devait y avoir
dans la roche un creux renfermant de l’eau, laquelle permettait la cuisson des
aliments. Ils posaient alors des pierres sur lesquelles ils installaient le
foyer. La chaleur dégagée cuisait les
aliments comme ils le souhaitaient, tendre ou plus cuits. (14)
Il est à
remarquer que nous ne vîmes pas plus de 2 à 3 vieilles femmes qui portaient un vêtement allant de la taille
au dessous des genoux et un autre autour des épaules, de telle manière que la
poitrine était dénudée. Les jeunes femmes et les jeunes filles ne se montraient
pas, on pouvait penser que la jalousie
avait incité les hommes à les cacher dans une autre partie de l’île. (15)
Leurs
habitations ou huttes étaient sans ornement. Nous estimions qu’elles avaient
une longueur de 50 pieds, une largeur de 15 et une hauteur de 9. Comme nous vîmes une hutte en construction,
la structure de celle-ci nous apparut. Les perches de bois constituant les murs
sont d’abord posés sur le sol attachées entre elles et liées à de longues
pièces de bois de 4 à 5 pieds de haut.
Les vides sont fermés avec une sorte de
rideau fait de joncs ou de longues
herbes épaisses attachées à une poutre
en bois et par des cordes. (Ils
savaient comment faire ces nattes
soigneusement et avec habileté, à partir
d’une plante appelée « piet ») Avec cette couverture, ils sont bien
protégés contre le vent et la pluie, comme les hollandais vivant dans leur
maison au toit de chaume
Dans ce texte Roggeveen emploie le
nom indien pour cette plante avec laquelle ils font leurs vêtements, vraisemblablement le murier (16). Ces fibres sont également utilisées pour lier
les bois dans la fabrication des barques. Il est confirmé qu’autrefois dans
l’île de Pâque, s les fibres de cet arbre étaient utilisées pour faire des
cordages : Métraux, op.cit, p 21
Ces huttes
n’avaient qu’une entrée si basse que l’on ne pouvait y pénétrer qu’en rampant
sur les genoux. Elle était ronde avec,
au dessus, une voûte.
L’aménagement intérieur que nous pouvions voir difficilement, la hutte étant
sans fenêtre et l’intérieur sombre, laissait voir une natte sur le sol et de grandes pierres servant
vraisemblablement d’oreillers. En outre,
il y avait à l’intérieur de la hutte de grandes pierres de
3 à 4 pieds de largeur, posées les unes à côté des autres régulièrement,
et qui, à notre avis servaient de sièges
lors des conversations dans le calme du
soir.
Et pour
terminer à propos de ces huttes, nous ne vîmes sur le terrain où nous étions que 6 à 7 huttes ; nous pouvions en conclure que ces îliens
faisaient un usage commun de ce qu’ils possédaient. Les dimensions et le petit
nombre de huttes révélaient que beaucoup vivaient et dormaient ensemble dans
une grande hutte, mais partant de cette observation, en déduire le partage des
femmes entre eux serait une accusation légère et diffamatoire. (17)
En
regardant leurs bateaux, nous les
trouvions fragiles étant donné l’usage qu’ils en faisaient.
Leurs
petits canots sont faits de petites
planches avec à l’intérieur de légères
poutres liées ensemble avec des fils torsadés faits de la plante déjà
nommée « piet ». Mais comme ils ne connaissaient pas les matériaux pour
calfater leurs barques, ils étaient
obligés de faire un grand nombre de coutures pour imperméabiliser la coque, les rendant
inutilisable pendant un temps assez long. Les canots ont 10 pieds de longueur
et une proue pointue ; leur largeur
est telle qu’ils peuvent juste s’asseoir à l’avant pour pagayer.
Le Roi ou
le chef nous invita à aller de l’autre coté de l’île où se trouvaient leurs
terres cultivées et les arbres fruitiers
d’où provenaient ce qu’ils nous apportaient. Cette proposition fut jugée imprudente, le vent du nord commençant à souffler. L’ancrage de nos
bateaux était à surveiller et nous n’avions que peu de personnel à bord qui
aurait besoin d’aide si le vent devenait plus violent. En outre,
les canots et les chaloupes étaient remplis de membres d’équipage qui
n’auraient pu atteindre les navires à cause des brisants près des côtes et
l’impossibilité à ramer. Nous
avons donc décidé de ramener nos gens rapidement.
Nous
décidâmes de naviguer environ 100 miles
vers l’Ouest, en faisant un léger détour vers l’Est, afin d’observer à nouveau
la côte basse et sablonneuse que nous avions découverte lors de notre arrivée.
Notre première navigation dans les mers du Sud ayant atteint son but, nous devions nécessairement faire le
rapport de ce que nous avions découvert.
Quand
il fut décidé d’aller dans l’île, les chefs des 3 bateaux se sont réunis à bord
du Den Arden et ont proposé
d’utiliser 3 bateaux et des chaloupes
avec des hommes armés.
Vendredi 10
avril 1722
Le Commandant ayant rassemblé les chefs et les
responsables de l’expédition, communiqua ses observations et donna son opinion concernant
cette nouvelle île découverte. Un second objectif fut admis et agréé par le conseil : l’île serait
observée et décrite, quoique cela fut contraire au programme de notre expédition.
Elle était
éloignée de 100 miles environ par rapport à nos prévisions. Cette terre
découverte le jour de Pâques ne peut être qualifiée de basse et sableuse, comme
l’ Africaansche Galey le signala quand elle était
distante de 8 à 9 miles.
A ce moment
nous décidâmes de remettre au lendemain
notre approche de l’île. Le jour
suivant avec une légère brise par le travers nous approchâmes à environ 2
miles. Cette terre ne pouvait être qualifiée sableuse mais, au contraire
exceptionnellement féconde, produisant des fruits, des bananes, des patates
douces, de la canne à sucre et d’autres produits, en dépit de l’absence de
grands arbres et de bétail excepté de la volaille (18).
Ainsi cette
île avec ses terres fertiles et son climat agréable pouvait être considérée
comme un paradis terrestre, si elle était convenablement cultivée et
travaillée, alors qu’à présent, les habitants se satisfont de ce qu’ils jugent
nécessaire à leur survie. De plus il est
complètement faux de décrire cette terre découverte comme une rangée de hautes terres,
même si on peut supposer que l’on était
par malchance passé à coté de l’île sableuse sans la voir.
Notre
programme de navigation fut ainsi décidé : nous devions voir
inévitablement si cette Ile de Pâques était cette terre décrite comme une rangée de hautes terres.
Donc nous pouvions penser, avec de
bonnes raisons, que cette Ile de Pâques était une autre terre que celle que
nous recherchions et qu’elle pouvait
constituer une partie de notre programme.
Ainsi le Président donna à considérer au
Conseil, tous les points ci-dessus,
afin que son point de vue fut convenablement admis.
Ceci étant
réglé et approuvé, il était indiscutable que l’information connue comme
indiquant de hautes montagnes sur l’île de Pâques n’était pas exacte, ces
dernières n’étant que d’une hauteur moyenne. Egalement il n’y avait pas
présence de métal, ce que nous avions
constaté. De même, pour se couvrir les
habitants employaient une plante, qu’ils
savaient coudre en 3 ou 4 épaisseurs d’une manière élégante pour avoir
chaud. En outre, les femmes portaient comme ornement sur leur
tête une guirlande faite de plumes de volailles ou d’oiseaux
(ces plumes d’oiseaux n’étant vues que
très rarement). Leur visage était peint tout comme
d’autres parties du corps, avec des dessins d’une conformation régulière. Elles avaient également des coquilles plates
comme ornements de nez et pour décorer
les oreilles qui étaient percées, une sorte de racine ressemblant au panais de
chez nous. (19)
Par
ailleurs, nous n’avons pas vu la petite
côte basse et sablonneuse qui devait être le signe avant-coureur de ce
que nous recherchions.
Donc ce fut par
consentement mutuel et approuvé : nous continuerons notre course
vers l’ Ouest, à la latitude Sud de 27
degrés, jusqu'à ce que nous ayons navigué
et atteint une centaine de miles.
Le jour même,
nous préparâmes le programme de ce que nous devions faire, puis celui-ci
fut admis et signé par Jacob Roggeveen, Jan Koster, Cornélius Bouman et Roclof Rosendaal. Ce programme
étant adopté, le Capitaine Jan Koster suggéra
qu’il serait facile d’étudier,
avec les éléments déjà mentionnés sur l’Ile de Pâques, si elle était
réellement la terre que nous recherchions et vers laquelle nous avions dirigé
notre navigation. Si nous entreprenions
simplement un petit voyage de 12 milles vers l’Est, les
bateaux étant distants de 2 miles l’un de l’autre, nous pourrions alors avoir
un succès certain si nous découvrions une île basse et sableuse. En vérité, cette terre déjà nommée Ile de
Pâques est une autre île que celle prévue initialement dans notre programme de
navigation.
Avec un
vent plus soutenu et plus fort, si nous découvrions une île sableuse, nous
avancerions dans la réalisation de notre seconde entreprise.
Tout cela
bien considéré nous avons adopté la résolution ci-dessus et le même jour, elle
fut signée par Jacob Roggeveen, Jan Koster, Cornélius Bouman, Roelof Rosendaal.
********
(1)
Paasch ( Paas )
signifie Pâques. L’île était l’île de
Pâques à l’Est de la Polynésie
Le sommet le plus élevé :
1969 pieds, latitude 27°5’ S - longitude 268° 16’ à l’Est de Ténériffe
( 2 )
Bouman, dans son rapport du 7 Avril dit que « le visiteur était un homme
d’une cinquantaine d’années de peau brune,
très fort physiquement avec une
barbiche comme en ont les Turcs. Il
était très étonné de voir la conception
du bateau et tout ce qu’il y avait à bord.
Comme nous ne pouvions pas nous comprendre, nous observions son
expression. Nous lui donnâmes un petit miroir, il se regarda et fut effrayé, de
même avec le son de la cloche. Nous lui donnâmes un verre de brandy qu’il
but et quand il en sentit l’effet, il
ouvrit de grands yeux… Nous lui donnâmes un second verre avec un biscuit. I l
vit que nous étions habillés, il eut honte de sa nudité, il alla vers une
table, il posa ses bras et sa tête puis paraissant parler à son dieu, il leva
la tête et les mains plusieurs fois vers le ciel puis parla d’une voix forte
pendant une demi heure et se mit à danser et à chanter. Il dansa avec les marins, un violon joua pour
lui et il ne se montra pas étonné. Il se montra très heureux. Nous lui nouâmes
sur le corps une pièce d’habit de marin ce qui le rendit joyeux. Son petit
bateau était fait de quelques pièces de bois attachés par des liens à 2 poutres
légères. Il était si léger qu’un homme seul pouvait aisément le porter. C’était pour nous un étonnement de voir qu’un
homme seul ait eu l’audace d’aller si loin en mer. Nous étions à 3 miles de la côte et nous ne pouvions l’aider ».
Behrens (op. cit. i
. 124 –5) dit que « le visiteur criait d’une voix forte vers la côte, Odorroga !
Odorroga semblant implorer son dieu. Ce n’était pas impossible, que
ce fut une invocation à «Torico»
qui fut le nom d’une grande idole à l’île de Pâques.
Ce fait est
reporté dans Kort en nauwkeurig
verhaaal et Tweejarige reyze Ces 2 documents indiquent que « Dago » était le nom d’une
petite idole. Tweejarige reyze, p.52.
(3)
Ceci semble en accord avec la position de la
baie de Lapérouse sur la côte
Nord de l’île
(4)
Bauman dans son rapport
du 8 avril dit que « certains
habitants de l’île venaient en bateau, d’autres venaient en nageant, sur des
flotteurs faits de roseaux ».
(5)
Bassen : petit
canon
(6)
Bauman dit que « ce
rapport par son sous-maître Cornélius était inexact. Roggeveen, Koster , Rosendahl, Keerens,
lui-même, tous les officiers et de nombreux hommes, continuaient à dire que son
rapport était inexact en dépit de nombreux hommes qui continuaient à dire qu’il
était correct ».
(7)
Les habits, au
temps de Roggeveen, comme partout en Polynésie aux temps anciens, étaient confectionnés à partir de l’écorce du murier (Broussonetia payrifera) Alfred Métraux, « L’Ethnologie de l’île de Pâques », Bernice P.
Bishop Museum Bulletin 160 ( 1940), pp.
213-160
(8)
Turméric (Curcuma
longa) était employé autrefois sur l’île comme pigment
jaune ou orange pour teindre les
habits : Métraux, op. cit.,
pp.158,236. La teinture Turméric n’est
pas très stable. Il n’est pas certain qu’il ait vu la terre employée pour
teindre les habits. Dans les temps historiques les habitants de
l’Ile de Pâques utilisaient un produit
volcanique rouge brun, pour
enduire leur corps. (Métraux op.cit. ,p.236 et Geiseler, un lieutenant de
marine allemand qui visitait l’île en 1882 remarqua qu’un pigment jaune était obtenu par les îliens à
partir d’un trou fait dans un cratère
volcanique : Geisler, Die oster-Insel (Berlin, 1883,) p 151.
(9)
Le percement des
lobes de l’oreille et l’agrandissement de ce trou par l’insertion de feuilles
de canne à sucre roulées ou autres
objets se font comme dans les temps anciens. Les plaques ornant les oreilles faites à partir de plantes ne sont pas les
ornements les plus couramment remarqués, il y a des vertèbres de requin, des
morceaux de bois ou d’os ; Métraux , op.cit, pp 228-9,235. Les plaques
citées par Roggeveen peuvent avoir été coupées à partir de racines de taro.
(10)
Geiseler, op. cit.,
p.49, cite un ornement de cou de coquille de moule.
(11)
La peinture bleue
foncée sur les corps était sans aucun doute des tatouages fait par incision de
la peau et insertion de ce pigment bleu.
Métraux, op.cit., pp, 237-48. Roggeeven suggérait que la couleur de la
peau à des degrés divers était due à une
exposition au soleil plus ou moins longue. Plus tard Cook donnait en
référence les Tahitiens : J. Cook, the
Journals of Captain James Cook, ed. J. C Beaglehole, vol.i (Cambridge)
(12)
Behrens, op. I 125,
135, cite après avoir vu du Den Arend
ancré dans la baie de Lapérouse,
le 8 Avril que les îliens étaient observés à la lueur de leurs feux aux
pieds des idoles faisant des
offrandes et les implorants. Le matin
suivant, des adorateurs prostrés aux mêmes endroits, devant plusieurs feux, la
figure regardant le soleil, honoraient
leurs idoles. Certains îliens en prière paraissaient avoir plus de dévotion et de zèle, ils
étaient certainement aux service des idoles, la plupart avaient des attributs
distinctifs posés sur leur tête rasée, faits de plumes blanches et noires
ressemblant à des cigognes. La
suggestion qu’ils étaient en prière est
donnée par le témoignage de Francisco
Antonio de Agüera y Infanzon, Chef pilote d’un des bateaux
espagnols de l’expédition
commandée par Félipe Gonzaléz de Haedo qui était la dernière expédition
européenne connue à avoir visitée l’île de Pâques en 1770. Agüera conclut qu’ils avaient des
prêtres attachés aux idoles et qu’ils
vivaient dans des résidences près des statues. : The Voyage of
Captain Don Felipe Gonzalez…..to Easter
Island, 1770 –1, ed. B . G Corney (Cambridge
1908), pp. 100, 102 ;
une traduction par Corney d’un passage du Journal de Roggeveen of the Easter
Island pp. 3- 25
(13)
Les grandes statues
de l’Ile de Pâques n’étaient pas faites d’argile ni de terre glaise mélangés avec
des galets mais faites à partir de la pierre du volcan éteint le Rano Raraku.
L’archéologue de l’expédition conduite par Thor Heyerdahl, lequel resta
dans l’île du 27 octobre 1955 au 6 avril 1956, menait une étude importante sur
les statues. : Reports of the norwégian
Archaeological Expédition to Easter
Island, and the East Pacific, ed. T. Heyerdahl et E.N Ferdon,
vol 1 Archaeology of Easter Island,
Moographie de la “School of América Reseach et le Muséum de New
Mexico, n° 24, Partie i (1961). L’expédition
démontra pratiquement, qu’il était possible de transporter et d’ériger les
statues sur les Ahu avec la main d’œuvre et le matériel existant
localement… Les statues n’ont pas de pieds et se terminent par une base plate
sous le torse. Le panier observé par Roggeveen est une pierre posée sur la
tête ; ceci correspond à une vieille tradition des temps anciens ou des
galets de corail étaient jetés sur les assistants, mais Agüera ((Corney , op.
cit., p 93 ) dit que des os d’anciens décédés étaient placés dans de petites
cavités à la partie supérieure. Les
statues étaient érigées en monuments mortuaires
dédiées à des chefs ou à des personnalités importantes, la face orientée
vers l’intérieur de l’île et tournant le dos à la mer. Dans les temps anciens la plupart des statues ont été abattues
délibérément ou sont usées par
l’érosion. Plus de six-cents statues
terminées et un nombre important de statues non terminées ont été trouvées prés
de la carrière du Rano Raraku. Une
illustration, montre deux statues encore en position sur une plate forme quand
l’explorateur français Lapérouse visitait l’île en 1786.
(14)
La description du four par Roggeveen
recoupait la supposition qu’il y avait de grands trous renfermant de l’eau sous
la terre ; ce genre de four est généralement utilisé en Polynésie. Bouman
en donne une description.
Un feu est fait sur les pierres
posées sur le sol, jusqu’à ce qu’elles
soient chaudes, la nourriture enveloppée dans des feuilles ou des joncs est posée
dessus, puis recouverte de terre ; Métraux, op.cit.,p. 162. Behrens, op. cit. i. 131, cite les insulaires
qui préparent leur nourriture en utilisant des pots en terre, sans aucun doute
preuve d’imagination. Bouman mentionne
qu’il y avait également des calebasses contenant de l’eau, qu’il la goûta mais
la trouva saumâtre.
(15)
Ceci est différent de ce que dit
Behrens (op. cit.i. 134). « Les femmes s’asseyaient souvent près d’eux, se
déshabillaient en riant et les séduisaient par toute sorte de gestes, pendant
que d’autres appelaient les visiteurs et les faisaient venir dans leur
maison ». Baumann fait mention de tels agissements.
Aguera (Corney, op. cit, p 97 )
dit quand il visita l’île « que les femmes courtisaient les
visiteurs encouragées par les hommes ».
(16)
Ici Roggeveen emploie le nom
indien pour le murier
à partir duquel, les îliens faisaient leurs vêtements... Plus tard ils
voyaient que des cordes tressées de même
fibre étaient utilisées pour lier les poutres de leur canot. C’est un document
historique qui révèle que l’arbre mûrier servait autrefois dans l’Ile de Pâques
pour fabriquer les cordages dont ils avaient besoin.
(17)
Bouman dit que « certaines huttes ressemblaient à des
ruches et d’autres à des bateaux nordiques retournés (kayaks), le dessous
devenant le dessus de la hutte.
L’usage de baliveau et de chaume assemblés en forme de
bateaux retournés, avec une petite entrée basse et à l’intérieur des pierres
comme oreillers est confirmé plus tard par l’histoire locale ».
« Habituellement,
pour vivre dehors, il existe devant les maisons une petite cour
pavée » Métraux, op.cit, p. 210.
(18)
Bouman ajoute que
« les îliens cultivaient soigneusement des carrés de terre, qu’ils avaient
des cocotiers, et qu’ils employaient des petits couteaux en pierre (sans doute
en obsidienne) pour couper les bananes du bananier ».
(19)
Il est généralement admis parmi les linguistes
et anthropologues spécialisés dans les études concernant le Pacifique que le langage et la culture de
l’Ile de Pâques dans les temps anciens étaient reliés aux autres habitants de
la Polynésie ; e.g.S.H. Elbert, « Internal Relationships of
Polynéésian Languages et dialects » Southwestern journal of Anthropology, IX.147-73 ;
R. Green, “ Linguistic Subgrouping within Polynesia : The implacations for
Prehistoric Settlement”,journal of the Polynésian Society, Ixxv.6-38;
A. Pawley, Polynesia Languages; Un Sougroupe basé sur innovations
partagées’ Journal of the Polynesian Society, XXV.39 64 ; E. G
.Burrows’Western Polynesia.
Une étude de
différenciation des cultures Etnologiska
Studier,,VII- 1-192 ; Métraux, op. cit. Observations ethnologiques de Roggeveen et de
ses compagnons au moment de leur visite
à l’Ile de Pâques, voyaient que la culture était principalement polynésienne,
mais pas exclusivement. Heyerdahl et
Ferdon dans leurs observations générales pensent que Bouman prend comme
référence qu’autrefois certains îliens nageaient sur des radeaux de roseaux,
Reed signale des dessins de radeaux avec
sur les voiles des peintures et admettait que la culture de
l’île au moment de leur visite était bien marquée, mais non exclusivement de caractère
Polynésien. Heyerdahl et Ferdon dans
leurs travaux (op. cit. i. 493-526, 527-
35 ) ne doutaient pas que le langage et
la culture d’autrefois, archéologique et
botanique avaient une ascendance polynésienne, que certains signes repérés dans
les temps anciens provenant d’Amérique du Sud, étaient possibles. Roggeveen et Bouman ont fait certaines observations dans l’île qui tenteraient à induire une influence Sud-Américaine. La patate douce appelée pataddes par
Roggeveen était indubitablement d’origine américaine, son usage était largement répandu en
Polynésie, elle pouvait venir de nombreux endroits de ces îles, les Polynésiens l’ayant
léguée à leurs descendants. Bauman note le fait que certains habitants
de l’île utilisaient autrefois des radeaux faits de roseaux, la présence de ces
radeaux est confirmée par des peintures et des
figures (pétroglyphes) gravées sur des pierres ; Ferdon, dans
Heyerdahl et Ferdon op.cit. i. 534-5 signale une corrélation forte de ces
cultures polynésiennes avec celles existantes en Amérique du Sud. Il y a une forte évidence de contacts entre
ces populations.
Courtoisie :
Archives d’Etat de Hollande